Émile Nelligan
1879 - 1941 Je suis né le 24
décembre 1879 à Montréal, plus précisément au 602, rue Lagauchetière. À la fois
d’origine irlandaise du côté de mon père David Nelligan et d’origine canadienne-française de par ma mère, Émilie Amanda Hudon.
Un an avant ma
naissance, mon père sera promu assistant inspecteur de l’Hôtel-des-Postes de
Montréal et se verra attribué le territoire de la Gaspésie. Je suis
l’aîné de deux sœurs, Béatrice Éva et Gertrude Freda.
À l’âge de cinq ans, je vais à l’école de l’Académie de l’archevêché, gérée par les FEC (Frères des Écoles Chrétiennes). J’aurai des résultats modestes et une assiduité plutôt déficiente, ce qui allait, à la longue, devenir une habitude chez moi. Au printemps 1886, comme mon père David gagne un bon salaire, il décide d’aller habiter en « banlieue », au 112 rue Laval, sur la butte Saint-Louis. Ma chambre donnait justement sur le carré St-Louis, un parc immense. Je ne cessais de regarder par la fenêtre et de rêver, rêver un impossible rêve et de partir vers l’inconnu. À 13 ans, le 27 décembre 1892, pour une grande fête en l’honneur du directeur du Mont St-Louis où j’étudie, le frère Stephens, je serai pressenti pour réciter un poème pour les notables réunis à cette occasion. Le public était suspendu à mes lèvres et retenait son souffle. Je venais de saisir la puissance des mots. Ce jour-là, je savais que je serais moi aussi un poète, un créateur de mots et de rimes. Profitez d’un de mes rares moments de lucidité pour apprendre comment je suis devenu «le prince des poètes québécois» ! J’ai créé une œuvre fulgurante en trois ans seulement, de juin 1896 à août 1899 ! |